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                              LES PROPOSITIONS DU REALPES SUR LA REVISION DES TRAITES

AUTOR : EAPN

                                                         Janvier 1996
 
 
 

Le Réseau européen des associations de lutte contre la pauvreté et l'exclusion sociale (REALPES) est la plus grande coalition d'organisations non-gouvernementales
dont l'objectif spécifique est de lutter contre la pauvreté et l'exclusion sociale dans l'Union européenne. Il se compose de réseaux nationaux d'organisations nationales
et locales et de plus de 20 associations européennes thématiques. Par la nature de sa composition, il aborde une large gamme de problèmes par le biais d'initiatives
locales concrètes, qui garantissent la participation active des personnes en situation d'exclusion sociale, et d'associations prestataires de services.

Avec le présent document, le REALPES souhaite participer au débat sur la révision des Traités. Les positions qui y sont exprimées pourront éventuellement être
affinées dans les mois à venir.

Le REALPES estime que la prochaine révision des traités devrait être l'occasion de doter la Communauté d'outils susceptibles de soutenir l'action des Etats
membres et de tous les acteurs dans leur combat contre la pauvreté et les exclusions.

Tout en reconnaissant à quel point il est important que la prochaine révision des traités de l'Union européenne apportent plus d'efficacité, de transparence et de
démocracie dans le fonctionnement des institutions, le REALPES souhaite également que la Conférence intergouvernementale (CIG) aborde des thèmes dont
l'importance pour les citoyens européens n'est plus à démontrer : le chômage, la pauvreté et l'exclusion sociale (selon une récente enquête d'Eurobaromètre, 80 %
des Européens estiment que la lutte contre la pauvreté et l'exclusion sociale devrait constituer un des objectifs prioritaires de l'Union européenne).

Dès lors, le REALPES souhaite que la Conférence intergouvernementale introduise des modifications aux traités

     qui fassent de la lutte contre la pauvreté et les exclusions un objectif prioritaire de l'Union;
     qui assurent le respect des droits sociaux fondamentaux pour tous les résidents de l'Union;
     qui intégrent une dimension sociale dans toutes les politiques de l'Union;
     qui permettent de considérer le secteur associatif comme un partenaire social.

L'Europe ne pourra devenir une Union des citoyens que si elle les concerne tous. La construction de l'Europe des citoyens ne peut se fonder sur la pauvreté et
l'exclusion d'un grand nombre. Dès lors, il faudra veiller à ce que chaque citoyen bénéficie des mêmes opportunités et, donc, que tous les Etats membres ainsi que
l'Union fassent de la lutte contre la pauvreté et les exclusions une priorité et s'engagent dans cette voie.

Il convient de redéfinir les objectifs de l'Union et de la Communauté fixés aux Articles B et 2 des Traités et de privilégier la cohésion sociale - à laquelle participe la
lutte contre la pauvreté et l'exclusion sociale - l'objectif du plein emploi et le développement durable pour tous. Il faut également établir une distinction entre les
objectifs et les moyens utilisés pour atteindre ces derniers. Nous devons, en conséquence, considérer l'Union économique et monétaire comme un moyen permettant
d'atteindre une meilleure cohésion sociale au sein de l'Europe et non comme une fin ne soi.

Voir en annexe les propositions d'amendements à l'article B du T.U.E et à l'article 2 du Traité C.E.
 
 

I. VERS UNE EUROPE DES DROITS FONDAMENTAUX

Une Europe de la solidarité ne peut se fonder sur la seule compétitivité économique.

Afin de redonner foi et espérance dans les bienfaits de la construction de l'Europe à l'ensemble de ses citoyens et résidents et notamment les personnes, familles et
groupes les plus pauvres, il convient que la Conférence intergouvernementale de 1996 porte à son ordre du jour l'intégration dans la révision des Traités de
dispositions garantissant les droits sociaux fondamentaux des résidents de l'Union.

L'Europe des droits sociaux ne peut, en effet, se limiter à la seule Charte des droits sociaux fondamentaux des travailleurs que 11 Etats membres ont adoptée en
1989.

Doit être reconnu à toute personne résidant dans l'Union, sans aucune discrimination, le droit à un revenu décent, aux soins de santé, à l'éducation, au logement, au
travail, à la formation, à des services sociaux, à la vie sociale et familiale, à la justice, à la culture, à la liberté d'expression et de réunion, etc.

Une simple Déclaration solennelle adoptée à l'issue de la C.I.G. qui se limiterait à manifester l'intérêt des Chefs d'Etat pour la promotion de ces droits ne peut suffire
à garantir la réalité et l'efficacité de ces droits pour les pauvres et les exclus.

Tous les Etats membres de l'Union européenne ont ratifié la Déclaration universelle des droits de l'homme, la Charte sociale du Conseil de l'Europe (actuellement en
cours de révision), la Convention européenne pour la protection des droits de l'homme et des libertés fondamentales, ainsi que la Convention internationale de
l'Organisation des Nations Unies sur l'élimination de toutes les formes de discrimination raciale (à l'exception de l'Irlande qui est tenue de le faire). En 1989, le
Conseil des ministres a adopté une résolution sur la lutte contre l'exclusion sociale qui couvrait une large gamme de thèmes (accès à l'enseignement de base, à la
formation, aux emplois, au logement, aux services collectifs et aux soins médicaux). Elle fut suivie en 1990 d'une seconde résolution sur la lutte contre la
discrimination. En mars 1995, l'Union européenne a participé aux négociations, puis à l'accord sur la déclaration et le programme d'action adoptés lors du sommet
mondial de Copenhague sur le développement social. Il ne devrait donc, en principe, pas exister d'obstacle pour procéder à la prise en compte dans la révision des
Traités de la garantie des droits fondamentaux à toute personne résidant dans l'Union sans aucune discrimination.
Voir les propositions d'amendements à l'article F du T.U.E., à l'article 8 du Traité C.E. et le nouvel article proposé en préambule au titre III sur la
libre circulation des personnes, des services et des capitaux.
 

Les Traités révisés devraient intégrer dans les missions, les actions et instruments communautaires, des dispositions mettant en oeuvre des politiques visant à assurer
la garantie des droits sociaux fondamentaux pour tous et l'élimination de toute discrimination basée sur des critères de race, d'origine ethnique, de religion, de sexe,
d'âge ou de handicap.
Voir la proposition d'amendement à l'article 3 du traité C.E.
 

II. RENFORCER LA DIMENSION SOCIALE DE LA CONSTRUCTION EUROPÉENNE

Les participants au Sommet de Copenhague ont admis le lien intrinsèque qui existe entre le développement économique et social. En outre, le Livre blanc sur la
politique sociale affirme la nécessité de reconnaître ce lien dans la poursuite des objectifs inscrits à l'Article 2 du Traité de l'Union.

Dans un contexte de concurrence internationale très vive où la recherche de productivité, au niveau des Etats et au niveau de chaque entreprise, produit des fractures
sociales graves, il faut en effet se donner les moyens de renforcer au plan européen et national les politiques de justice sociale et de lutte contre les exclusions.

Si l'Union désire réellement promouvoir le développement humain, un progrès économique et social pour tous ses citoyens et la lutte contre les exclusions, elle doit
se donner les moyens de faire avancer la dimension sociale au même pas que les autres domaines communautaires, notamment économiques.

En premier lieu, pour réaliser cet objectif de manière efficace, positive et anticipative, il est nécessaire:

1) d'introduire au sein de tous les programmes et de toutes les politiques de l'UE une exigence en matière de lutte contre les exclusions.
voir les propositions d'amendements aux articles 3, 104C, 109F, 123, 130, 130A,

2) de vérifier la prise en compte de cette exigence par la réalisation au préalable à l'adoption de toute nouvelle règle de droit communautaire ou de la création ou
modification de tout nouvel instrument communautaire (fond, programme, initiative...), d'une analyse de leur impact sur la pauvreté et les exclusions (audit social).
voir les propositions d'amendement à l'article 117

3) d'insérer dans le rapport annuel sur la réalisation des objectifs visés à l'article 117 révisé, une évaluation des situations de pauvreté et d'exclusion sociale dans la
Communauté.
voir proposition d'amendement à l'article 122

4) d'éviter que la réalisation des critères de convergence pour l'union économique et monétaire ne provoque davantage de pauvreté et d'exclusion
voir les propositions d'amendements à l'article 109 J et au protocole (6) sur les critères de convergence
 

En second lieu, pour ne pas réduire cet objectif à la seule prise en compte de la situation des travailleurs, il est nécessaire d'élargir la base juridique actuelle de la
politique sociale de l'U.E. A cette fin il conviendrait:

1) d'intégrer l'accord sur la politique sociale (protocole no 14) dans le Traité C.E. :
voir les propositions d'amendements aux articles 117, 118, 118A, 118B,118C

2) d'introduire dans le Traité C.E. une compétence juridique pour les politiques d'action sociale qui, tout en respectant les diversités nationales, et en excluant toute
harmonisation, permettent la promotion d'actions d'encouragement, d'échange, de coopération ou de coordination entre les Etats membres:
voir les propositions d'amendement aux articles 3 et 118 du traité C.E.
 

III. LES ASSOCIATIONS DE SOLIDARITE CONSIDéREéS COMME UN NOUVEAU PARTENAIRE SOCIAL.

Plusieurs textes récents, comme la Déclaration et le Programme d'action du Sommet mondial sur le développement social de Copenhague ou le Programme d'action
sociale adopté par la Commission en avril 1995, soulignent le rôle du monde associatif et sa qualité de nouveau partenaire associé à la formulation et à la mise en
oeuvre des politiques et des programmes. Le Traité de l'Union européenne fait référence, dans sa déclaration 23, aux de solidarité». Cependant, rien n'a été fait pour
officialiser au niveau européen le processus de consultation avec le secteur associatif, processus qui dépend toujours du bon vouloir de certains fonctionnaires. Il
faudra, dans les Traités révisés, reconnaître l'apport du monde associatif et instaurer les mécanismes d'une consultation régulière, aux niveaux tant sectoriels que
transsectoriels.

Puisque les sociaux traditionnels&nbsp» sont invités à discuter et à participer à la conclusion d'accords dans des domaines qui dépassent les simples relations de
travail, comme la réconciliation des responsabilités professionnelles et familiales ou la répartition du temps entre travail et loisirs, le REALPES estime que les
représentants européens de la société civile devraient également être associés à ce dialogue. Les traités devront inclure une disposition en ce sens.

Le REALPES propose en conséquence des amendements :

1) sur la reconnaissance des associations:
voir les propositions d'amendements aux articles 8B, 8D

2) sur la coopération avec les associations et leur consultation:
voir les propositions d'amendements aux articles 117, 124

3) sur leur représentation au Comité Economique et Social:
voir les propositions d'amendements aux articles 193, 194, 195

FONTE : http://europa.eu.int/en/agenda/igc-home/instdoc/ngo/eapnfr.htm